L’Etat italien vole au secours d’une aciérie d’ArcelorMittal

01 décembre 2020


Invitalia, une des agences du ministère de l’Economie, va entrer à hauteur de 50 % dans le capital d’Ilva, avant d’en prendre le contrôle.

La pandémie de Covid-19 et la récession économique qu’elle provoque favorisent le retour de « l’Etat patron » en Italie. Après le dossier Autostrade per l’Italia et Alitalia, le gouvernement italien se saisit de celui d’Ilva, l’aciérie géante de Tarente, dans les Pouilles, dont il devient actionnaire. La fin de novembre était la date butoir pour trouver un accord avec ArcelorMittal, qui aurait eu sinon la possibilité d’exercer un droit de retrait, moyennant une indemnité. Les grandes lignes ont été définies bien que ses détails restent à être précisés pour une signature prévue pour le 11 décembre, ont fait savoir les syndicats à l’issue d’une réunion au ministère du Développement économique. Le plan du gouvernement prévoit qu’Invitalia, l’agence de l’investissement étranger et du développement des entreprises du ministère des Finances, entre à hauteur de 50 % dans le capital de l’entreprise. En juin 2022, elle en prendra le contrôle bien que la gouvernance reste paritaire avec ArcelorMittal qui fournira l’administrateur délégué. 

Invitalia investira près de 400 millions pour augmenter la production annuelle, qui devra être verte.

Invitalia investira environ 400 millions d’euros pour augmenter la production annuelle, qui devra être verte, avec l’accent mis sur l’hydrogène. Le plan stratégique 2020-2025 présenté par l’entreprise au printemps dernier ambitionne de porter la production d’un peu plus de 3 millions de tonnes à 8 millions de tonnes. Les emplois des quelque 10.700 salariés, dont la plupart ont été placés en chômage partiel, doivent être préservés. « Ce sont des promesses qui ne reposent sur rien, déplore Cesare Pozzi, professeur d’économie industrielle à l’université Luiss Guido Carli. Ou plutôt sur les futures ressources du plan de relance européen, mais sans que l’on sache quand et comment. » Pour lui, il s’agit là d’une intervention bancale de l’Etat avec Invitalia, qui n’est pas un opérateur industriel et n’a aucune compétence face au spécialiste ArcelorMittal.

Scepticisme général

Un avis partagé par les syndicats et le maire de Tarente, Rinaldo Melucci : « 50 milliards d’euros ont déjà été dépensés par les différents gouvernements pour sauver l’usine, a-t-il déclaré. L’exécutif devrait sortir de la confusion et adopter un des scénarios les plus innovants proposés par un membre du BCG, qui estime nécessaire des investissements d’au moins 5 milliards d’euros dans des technologies vraiment vertes et le replacement ou  l’accompagnement de 5.000 salariés. Sans quoi Tarente doit se préparer à résister. »

Source: Les echos