Les médias ont été prompts récemment à se saisir des résultats de la lutte contre la fraude en matière de prestations de retraite… Quitte à oublier certains chiffres. Le 25 novembre dernier, la Caisse nationale d'Assurance vieillesse (CNAV) communiquait sur sa campagne 2024 (portant sur les données de 2023) de lutte contre ce type de fraude sociale. Il s'agit pour l'Assurance retraite de garantir le paiement à bon droit des prestations retraite et préserver le caractère solidaire du système en prévenant et détectant les fraudes
, soulignait fort légitimement la CNAV, indiquant que plus de 9 000 collaborateurs sont formés pour détecter et signaler les suspicions de fraude. En complément, environ 100 salariés sont spécifiquement dédiés aux enquêtes, tandis qu'un millier d'agents réalisent des contrôles réguliers
. Alors que 15 millions de retraités perçoivent des prestations (dont 1,5 million résidant à l'étranger), la fraude est-elle massive? Un montant, qui aurait doublé depuis 2017, a particulièrement été médiatisé : 188 millions d'euros. Mais il n'est en rien celui estimé (à partir d'un échantillon de 5 000 retraités, précise la CNAV) spécifiquement pour l'année 2023.
Seulement 22 retraités sur 5 000…
Ce montant de 188 millions – qui par ailleurs est à mettre en pendant de celui portant sur le total annuel des prestations versées, soit 160 milliards d'euros – renvoie aux fraudes et comportements fautifs évités
. Il évoque ainsi des montants qui auraient pu être versés à tort sans détection de la fraude
. Cela entend traduire – calculé à partir de l'espérance de vie des retraités – ce qui aurait pu être versé à ces derniers (pension personnelle, de réversion, minimum vieillesse…) pendant le reste de la durée de leur retraite. Ce montant est donc virtuel. Dans la réalité, pour 2023, la caisse estime que la fraude (ou erreurs dans les déclarations) concerne 0,13% des retraités, cela comprenant les anciens travailleurs indépendants. Et cette fraude totale est estimée à… 76 millions d'euros, soit environ 0,054% des dépenses de 2023
.
La CNAV indique : Après analyse définitive, il apparaît que seuls 22 retraités de l'échantillon statistique ont fraudé. Il s'agit uniquement de retraités bénéficiant du minimum vieillesse (ou Aspa) ou d'une retraite de réversion.
Une fraude particulièrement dérisoire, donc.