Négociation sur la pénibilité : FO dénonce la déloyauté des employeurs du caoutchouc

Rédigé le 17/11/2025
par Clarisse Josselin, L'inFO militante

Bien qu'inscrite à l'agenda social, la négociation sur la pénibilité dans la branche du caoutchouc n'a pas pu aboutir, la chambre patronale n'ayant pas de mandat pour aborder les questions de réparation et de compensation.

Alors que l'âge de départ en retraite est repoussé à 64 ans, il n'existe aucun dispositif dans la branche qui permette aux salariés exposés à des critères de pénibilité de partir de manière anticipée, il n'y a pas de compensation, déplore Emmanuel Dubarre, secrétaire fédéral chargé de la branche caoutchouc à la Fédéchimie FO.

Le secteur, qui compte 47 000 salariés, fabrique notamment des pneumatiques (Michelin, Continental…) et des pièces techniques (Hutchinson, Aptar…) pour plusieurs domaines comme l'industrie automobile, pharmaceutique ou l'aéronautique.

Une négociation sur la reconnaissance de la pénibilité au travail, revendiquée depuis des années par la Fédéchimie FO, avait été inscrite à l'agenda social de la branche en 2024. C'était la contrepartie à notre acceptation de négocier la liste des métiers et activités exposés aux risques ergonomiques, pour permettre aux employeurs de toucher des subventions de la part du fonds de prévention de l'usure professionnelle, dans le cadre de l'article 17, précise le militant.

La négociation sur la pénibilité, qui s'est ouverte en mars 2024, devait permettre de fixer les critères inhérents aux différents métiers et de mettre en place des actions concrètes en matière de prévention, de compensation et de réparation. Selon Emmanuel Dubarre, les salariés de la branche peuvent notamment être exposés au travail de nuit, au travail en équipes, au bruit et au noir de carbone, un matériau potentiellement cancérigène selon l'INRS.

Les syndicats n'ont pas pu exprimer leurs revendications

Mais les discussions se sont éteintes en septembre dernier. Elanova, organisation patronale principale du caoutchouc, s'arc-boute sur les sujets de compensation et de réparation et n'entend négocier que sur la prévention qui, soit dit en passant, est de la seule responsabilité de l'employeur (…). Par ce postulat, la chambre patronale, mandatée par l'ensemble des employeurs du caoutchouc, nie toute existence de pénibilité au travail subie par les travailleurs, ainsi que ses conséquences, dénonce l'intersyndicale de la branche dans un communiqué daté du 10 octobre.

Les organisations syndicales, dont FO, n'ont pas pu exprimer leurs propositions et leurs revendications, Elanova ayant décrété une fin de non-recevoir. Il n'y a même pas eu de constat de désaccord, la chambre patronale ne voulant pas assumer la responsabilité de l'échec de la négociation, poursuit Emmanuel Dubarre. La question de la pénibilité est dont renvoyée à des négociations à l'échelle de l'entreprise.

Dénonçant la déloyauté de la chambre patronale et des entreprises du secteur, l'intersyndicale a interpellé la Direction générale du travail et le ministère du Travail pour faire cesser cette situation, en vain.

Les négociations sont tellement difficiles dans la branche que nous sommes en commission mixte paritaire depuis plus d'un an. La présidente a cependant signalé au patronat qu'il n'était pas normal de venir négocier sans mandat, ajoute le militant.

Une réunion est prévue le 18 novembre prochain pour fixer l'agenda social de 2026. La délégation FO a bien l'intention de redemander la négociation d'un accord sur la pénibilité.