Du son à la lettre

Rédigé le 23/12/2025
par Corinne Kefes, L'inFO militante

On peut déplorer son mauvais usage aujourd'hui, comme l'écriture phonétique des sms, en faire un objet de revendication, comme l'écriture inclusive, ou militer pour une réforme de l'orthographe, l'écriture du français n'est jamais allée de soi.

Son histoire, sa raison d'être, en font un outil de communication tout à fait particulier qu'il est bon d'appréhender dans toutes ses dimensions. Du premier écrit en français connu, datant du 9e siècle, à l'ère du numérique, il s'agit dans cet ouvrage de suivre son élaboration, entre usage, pouvoir et mémoire, fruit de choix politiques et sociaux.

L'écriture, c'est avant tout un code pour dire la parole. Le processus de transfert vers le français écrit a été initié par les clercs, qui utilisaient le socle connu du latin. La difficulté qu'ils rencontraient était d'écrire de façon unique le son multiple des parlers régionaux. Ainsi, pendant longtemps, il a été admis de nombreuses versions des mots. C'est la diffusion de l'écrit dans la société, grâce à l'imprimerie, qui impose un apprentissage de l'écriture du français et donc l'établissement de règles qui fixent sa transcription.

Aujourd'hui, (bien) écrire le français est devenu une norme sociale, parfois stigmatisante. Pour autant, les multiples règles et exceptions, les nombreuses homophonies de la langue française la rendent propice au jeu (de mots). Ainsi, elle s'enrichit et, par la transgression ludique et artistique des règles, nous confère un espace de liberté sans égal où la connivence induite pour comprendre nous rapproche.

Écrire le français – Toute une histoire
Gabriella Parussa
Éditions Actes Sud, 194 pages, 19,90 euros