Alors qu'un amendement sénatorial proposait, avant d'être retiré, le déremboursement par la Sécurité sociale des soins liés à la psychanalyse, la question de la santé mentale, cependant érigée en cause nationale, est actuellement absente des débats parlementaires. Or, comme FO ne cesse de revendiquer, il est plus qu'urgent de débloquer des moyens supplémentaires à la hauteur des besoins.
En déposant l'amendement 159, dans le cadre de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale, la sénatrice Jocelyne Guidez proposait que les soins, actes et prestations se réclamant de la psychanalyse ou reposant sur des fondements théoriques
ne fassent plus l'objet d'un remboursement ou d'une garantie à compter du 1er janvier 2026. Ce texte a déclenché un tollé dans les rangs des psychologues et parmi les militants FO. Attachées à la pluralité des prises en charge en soins et en santé mentale
, FO de l'Action Sociale (FNAS FO) des personnels des Services Publics et des Services de Santé (FO-SPS) ont signé un communiqué de presse commun exigeant le retrait de cet amendement.
Celui-ci a finalement été retiré par la sénatrice qui l'avait déposé, peu après que la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, a émis le concernant un avis défavorable, soulignant que le PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) n'était pas Le bon outil législatif
pour régler la question. Mais la ministre a indiqué partager certaines critiques sur l'utilisation de la psychanalyse, notamment pour les troubles autistiques
. Pour la sénatrice Jocelyne Guidez, le combat continue
.
Dans un autre axe, le combat continue aussi pour FO aussi, affirme haut et fort Pascal Corbex de la Fnas. Ces déremboursements se feraient avant tout dans une logique d'économies, et non de bien-être des Français. Les politiques cherchent des solutions rapides et peu chères, ce qui ne correspond pas aux thérapies longues. Mais nous lutterons tant qu'il le faudra pour refuser que les décisions politiques et économiques viennent empêcher les soins en santé mentale.
La psychiatrie, parent pauvre du secteur de la santé
Malgré les débats que cet amendement fugace a induits, les enjeux autour du financement de la santé mentale sont restés loin, très loin, des bancs du Sénat. Or, au sein des services psychiatriques des hôpitaux ou encore des centres médico-psychologiques (CMP), l'urgence d'un octroi de moyens supplémentaires et à la hauteur des besoins se confirme toujours plus. Ainsi, les délais d'attente comme le manque de places et de personnels sont devenus la norme.
En 2023, selon l'Insee, l'attente pour une consultation dans un CMP était de 3 à 4 mois pour un adulte. Et c'est encore pire en pédopsychiatrie
, alerte Didier Birig, secrétaire général de FO-SPS. Pour une première consultation pour un enfant, l'attente va de 18 à 24 mois! Comment soigner correctement les jeunes lorsque l'on les fait attendre aussi longtemps pour une consultation?
A noter aussi que la répartition des CMP demeure inégale sur le territoire et en nombre très limité. En 2019, en Seine-et-Marne, on comptait 0,7 CMP pour 100 000 habitants, et seulement 1,1 en Haute-Garonne.
Si au sein de la Sécurité sociale, les dépenses pour la santé mentale représentent 24,6 milliards d'euros (en 2023), soit autour de 14% des dépenses de l'Assurance maladie, ce montant de dépenses compte en grande partie celui des hospitalisations. Cela s'explique notamment par les prises en charge trop tardives
des patients, souligne Didier Birig. Et dans le contexte de manque de moyens, dont de lits au sein des services psychiatriques des hôpitaux, il y a un problème dans la manière même dont les patients sont pris en charge,<> insiste-t-il. Ainsi, par manque de place, des personnes qui ne sont pas encore guéries sont poussées dehors afin de pouvoir accueillir des personnes dans un état plus grave. Or, une fois dehors, leur état peut empirer, et c'est un cercle vicieux.
Grande cause mais petits moyens
Concernant la psychologie, la seule réponse du gouvernement tient au dispositif Mon Soutien Psy. Lancé en 2022, ce dispositif comprend 12 séances avec un psychologue libéral pour un trouble anxieux ou un trouble dépressif léger, à un tarif de 50 euros par séance. Cette somme est prise en charge par la Sécurité sociale à hauteur de 30 euros, et le reste par les complémentaires santé. Depuis, le dispositif a été fortement critiqué pour son inefficacité et sa précarité.
Faute de politiques publiques dignes, la santé mentale demeure un enjeu politique mais aussi économique. Dans une étude, la MGEN révèle que les troubles mentaux concernent 3,4 millions d'actifs et représentent un coût de 25 milliards d'euros annuels. C'est le plus rageant,. Voilà plusieurs années que la santé mentale est présentée comme une grande cause nationale par les gouvernements successifs. Mais rien ne suit, aucun effort ni moyens supplémentaires à la hauteur des besoins.