À mi-parcours de 2025, retour sur des dossiers toujours très actuels

Rédigé le 11/07/2025
par Ariane Dupré, Valérie Forgeront, Clarisse Josselin

Activer le flash-back sur les dossiers majeurs qui ont occupé cette première moitié de 2025 montre tant les inquiétudes des travailleurs que leur détermination, avec FO, à faire aboutir leurs revendications. Ainsi, nombre de conflits dans les entreprises, concernant principalement les salaires, l'emploi et les conditions de travail, ont dû être menés âprement avant de connaître des avancées par la négociation, tandis que d'autres, comme chez Lidl, étaient toujours en cours ces jours derniers. FO a une fois de plus confirmé aussi sa détermination dans le cadre de la négociation interprofessionnelle, pour aboutir à des ANI et que les accords obtenus fassent l'objet d'une transposition dans la loi. Cette détermination s'est affirmée encore dans le cadre des retraites, FO rappelant sa demande d'abrogation de la réforme de 2023 et refusant en février dernier de donner son assentiment à un «conclave» initié par le gouvernement, qui a voulu qui plus est l'encadrer d'un diktat financier. Depuis, ce qui, grandement déserté, a été rebaptisé «village retraite», ou encore «délégation paritaire permanente», a révélé tous ses pièges et s'est soldé par un échec mi-juin. La ténacité de FO à porter ses revendications s'illustre aussi encore dans le lancement, le 10 juin, d'une campagne pour l'amélioration des salaires et des carrières dans la fonction publique. Cela alors que le gouvernement joue la surdité et s'attaque aux droits des personnels au nom des économies budgétaires à réaliser. Plus largement, l'exécutif a confirmé dès le début 2025 son credo de la réduction massive des dépenses publiques. Ce contre quoi FO s'élève, rappelant la nécessité de moyens pour notre modèle social. Rappelant aussi son importance capitale dans la préservation de la cohésion sociale.

Concertation retraites : une mascarade dénoncée par FO

Ce début d'année aura été marqué par le lancement du fameux «conclave» sur les retraites, que FO quittera dès la réunion de présentation le 27 février, refusant de cautionner tout recul des droits. Après s'être dit ouvert à rediscuter de la réforme des retraites de 2023, le Premier ministre François Bayrou a en effet très vite refermé la porte. Sa lettre de cadrage était un vrai carcan, a dénoncé la confédération. Loin d'être conviés à abroger la réforme de 2023, comme le revendique FO, les interlocuteurs sociaux étaient invités à proposer des améliorations aux régimes de retraite du privé. Mais surtout à trouver les termes d'une réduction du déficit du système des retraites d'ici 2030. La Cour des comptes venait d'estimer son déficit actuel à 6,6 milliards d'euros. Or, au nom de la compétitivité des entreprises, le document de cadrage excluait de s'attaquer à ce qui induit un manque à gagner pour les comptes publics, dont sociaux : les aides publiques et les exonérations de cotisations accordées aux entreprises (en tout quelque 200 milliards par an). Pour FO, qui revendique une conditionnalité de ces aides, cette concertation tenait donc de  la mascarade.

En embuscade toujours, la retraites à points

Après des mois de discussions, et des départs, les trois syndicats restants, le Medef et la CPME n'ont finalement trouvé aucun accord le 17 juin. Un échec pour l'exécutif. Mais la vigilance s'impose. Car le «conclave», qui par ailleurs s'est accordé sur le fait de ne pas revenir sur la mesure d'âge de départ légal à 64 ans, issu de la réforme de 2023, a tenu à aborder la gouvernance du système de retraite. Et son relevé de conclusions se prononce pour un pilotage du régime général, géré paritairement, sur le modèle de l'Agirc-Arrco. Un piège, a maintes fois averti Michel Beaugas, secrétaire confédéral FO chargé des retraites. S'il s'agit de remettre à l'équilibre le régime de base, puisque le patronat refuse d'augmenter les cotisations, la seule solution sera d'aller ponctionner dans les réserves des régimes complémentaires, en particulier celles de l'Agirc-Arrco. En réalité, ce qu'ils souhaitent, c'est l'introduction d'un régime de retraite par points englobant tous les régimes, avec à la clé la baisse des pensions. Un projet que FO refuse.

Ariane Dupré

Avec FO, les salariés se battent pour faire valoir leurs droits

Ci-contre, les salariés des bus de Cergy, en grève, recevaient la visite de Frédéric Souillot le 7 janvier dernier. Ci-contre, les salariés de Lidl mobilisés devant le siège de l'entreprise à Chatenay-Malabry (92), le 26 mars 2025, et en page suivante, les salariés de Merck mobilisés sur le site de Martillac (33) en janvier 2025. © C JOSSELIN

Sur les conditions de travail, la préservation des emplois… De nombreux conflits ont éclaté en ce premier semestre 2025. Et FO était à la manœuvre pour faire aboutir les revendications. Il y a eu notamment la mobilisation exceptionnelle des chauffeurs de bus de Cergy et Conflans, en région parisienne, qui ont fait grève durant quatre mois, de novembre 2024 à mars 2025, pour refuser la dégradation de leurs conditions d'emploi dans le cadre de l'ouverture des réseaux à la concurrence. Ils sont sortis vainqueurs du bras de fer engagé avec IDFM, l'autorité organisatrice des mobilités en Île-de-France, et FSO, filiale du groupe Lacroix-Savac, nouvel opérateur depuis janvier 2024 à la suite d'un appel d'offres. Un accord jugé satisfaisant par FO, syndicat ultra-majoritaire, a été signé le 10 mars 2025.

Les salariés des supermarchés Lidl sont eux aussi engagés dans une mobilisation inscrite dans la durée, à l'appel de FO, dans le cadre d'une intersyndicale. Ils exigent des conditions de travail décentes. FO dénonce également le fait que le travail le dimanche et les jours fériés, jusqu'alors basé sur le volontariat, soit devenu obligatoire depuis juin 2O25. Après une première mobilisation massive le 7 février, un nouvel appel à la grève perlée illimitée a été lancé le 15 mai. Les salariés peuvent débrayer entre une heure et quatre jours, du jeudi au dimanche. Beaucoup d'actions ont eu lieu dans toute la France. FO appelle aussi les salariés à faire grève le 14 juillet, comme tous les jours fériés.

Chez Merck, la direction lâche du lest

Au sein du laboratoire pharmaceutique Merck, les salariés du site de Martillac (Gironde) ont réussi, par la mobilisation, à inverser le rapport de force. Mi-janvier, la direction avait annoncé son intention de céder le site et de mettre en place une restructuration aboutissant à la suppression d'une centaine d'emplois, dont 75 licenciements contraints. À l'issue d'une grève suivie, le 8 avril, par la moitié des 420 salariés, FO a obtenu une revalorisation significative de la quasi-totalité des mesures d'accompagnement au reclassement et sauvé cinq postes. Le syndicat a validé le 14 avril le projet de suppressions de postes.

À Mertzwiller (Bas-Rhin), les salariés de l'usine BDR Thermea se battent avec FO pour sauver leur emploi. Le 20 mai, le fabricant d'appareils de chauffage a annoncé son intention d'arrêter la production sur ce site d'ici fin 2027 et de supprimer quelque 390 emplois. FO Métaux a dénoncé un PSE sans fondations. Une marche blanche en soutien aux salariés a été organisée le 5 juillet, avec la participation du secrétaire général de FO, Frédéric Souillot.

Clarisse Josselin

Négociation interprofessionnelle : un cru 2024/2025 très tonique

La délégation FO à Matignon le 9 janvier 2025 lors d'une rencontre bilatérale avec le Premier ministre. © Lucas CERLI/REA

Depuis ces derniers mois, la négociation interprofessionnelle montre particulièrement de la vigueur. Début juin, FO a décidé de signer un accord (un avenant au protocole sur l'Assurance chômage du 10 novembre 2023) concernant le bonus-malus sectoriel. Il s'agissait de renégocier le périmètre de ce système de modulation de taux de cotisation d'Assurance chômage des employeurs, en fonction du nombre de ruptures de contrat de travail, dans sept secteurs d'activité. Si l'accord du 27 mai, qui réduit l'application du bonus-malus aux contrats de moins de trois mois, n'est pas entièrement satisfaisant à ses yeux, FO se félicite d'avoir participé à sauver un dispositif que le patronat voulait vider de sa substance. Ces mesures, applicables au 1er mars 2026, sont de plus transitoires. FO souhaite un système de bonus-malus plus efficace. La confédération a obtenu l'ouverture d'une négociation plus large sur le recours aux contrats courts et la sécurisation des parcours. Les travaux devraient démarrer à l'automne, la négociation devant s'achever fin 2025.

Trois ANI, signés par FO, transposés dans la loi

Plusieurs mois après avoir été conclus, deux ANI signés par FO en novembre 2024, sur l'emploi des salariés expérimentés et l'évolution du dialogue social, ont été transposés dans un projet de loi, déjà approuvé par le Sénat et adopté en première lecture par l'Assemblée le 3 juillet. Concernant l'emploi des salariés expérimentés, l'accord instaure notamment l'obligation pour les branches de négocier tous les trois ans sur l'emploi et l'aménagement des fins de carrière des seniors, notamment la possibilité d'une retraite progressive à partir de 60 ans, défendue par FO. Ce projet de loi transpose aussi l'ANI sur l'évolution du dialogue social du 14 novembre 2024, qui demandait la suppression des trois mandats successifs pour les élus du CSE. Une victoire pour FO, contre les ordonnances Travail de 2017. Enfin, le 25 juin, un accord (signé par quatre organisations syndicales dont FO) a été conclu sur les reconversions et les transitions professionnelles. Cet ANI a été également repris dans le projet de loi.

Ariane Dupré

2025 ou l'accélération de la chasse aux dépenses

Par la loi de finances (promulguée le 14 février) et par celle du financement de la Sécurité sociale (promulguée le 28 février), l'effort sur les finances publiques a donc été acté pour 2025, à coups de 49.3 (comme en 2024). Et sur fond de scénario exceptionnel. Le précédent gouvernement, celui de Michel Barnier, est tombé en effet le 4 décembre 2024, censuré à l'Assemblée sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS, présenté en octobre 2024). Tous les travaux parlementaires, dont l'examen du projet de loi de finances (PLF), ont alors été stoppés. Cela a conduit au vote d'une loi spéciale, reconduisant le cadre budgétaire de 2024, en attendant l'adoption de nouveaux textes budgétaires, lesquels ont affiché la même philosophie que les précédents. Sur fond de croissance de plus en plus en berne, ils visent ainsi un déficit public ramené à 5,4% du PIB, contre 6% en 2024. Et avec toujours l'objectif d'un déficit à 3% du PIB en 2029.

Et toujours pas de conditionnalité aux aides publiques…

A été acté pour cette année un abaissement des dépenses publiques de 32 milliards d'euros (dont une baisse de 23,5 milliards infligée à la sphère de l'État, cela induisant des baisses de crédits pour quasiment tous les secteurs ministériels, un gel des salaires des agents ou encore une baisse d'indemnisation de leurs arrêts maladie) et la perspective de recettes en hausse de 21 milliards. Mais en n'impliquant qu'à doses homéopathiques les plus riches ménages, ceux affichant plus de 250 000 euros annuels de revenus (pour une personne seule), et les entreprises ― celles aux bénéfices supérieurs à un milliard d'euros. Les ambitions sur les recettes ont été  revues à la baisse par rapport au projet de loi initial, constatait FO, notant que l'austérité revient par la fenêtre. Et tandis que la Cour des comptes concédait qu'il y avait bien une une rupture