Pour sauver la situation des établissements publics de santé, il faut des moyens à la hauteur, rappelle la fédération SPS-FO, alors que les problèmes se multiplient dans les services. Et les mobilisations aussi.
Le constat de la situation catastrophique est unanime dans les hôpitaux publics
, appuie Didier Birig, secrétaire général de la fédération SPS-FO. L'enveloppe fixant l'évolution des dépenses de l'Assurance maladie, prévue initialement dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, adopté définitivement le 16 décembre par le Parlement, était bien en deçà des besoins, avec une augmentation de l'ONDAM de 1,6%, un niveau historiquement bas. Si les débats parlementaires ont conduit le gouvernement à consentir à une hausse de 3%, ce qui a été adopté, celle-ci demeure inférieure aux besoins sur le terrain. D'autant que l'évolution naturelle des dépenses de santé, prenant en compte le vieillissement de la population ou encore l'augmentation du nombre de malades chroniques, s'établit à plus de 4%. Avec un déficit cumulé à 3,5 milliards pour les hôpitaux en 2024, le pire reste à venir, s'inquiète la fédération FO. D'autant que le budget actuel amputera de 4 milliards d'euros les moyens réellement disponibles pour nos structures.
La question des moyens (budgétaires, dont en effectifs) ne se limite pas à un combat de chiffres, rappelle Didier Birig. Derrière les décisions prises, il y a des conséquences concrètes sur la vie des Français et leur accès aux soins
, martèle le militant. Ainsi, au CH Nord-Mayenne, l'accès aux urgences est limité depuis le 3 novembre : ce service n'est accessible qu'entre 8h30 et 16h30, alors que la fermeture était initialement prévue à 20h30. À l'hôpital de Riom (Puy-de-Dôme), c'est le service de cardiologie qui est au bord de la fermeture. Face à la dégradation, le CHU de Clermont-Ferrand a mis en place un dispositif d'urgence, mais extrêmement fragile et largement insuffisant
, et qui comprend la fermeture de l'unité de soins continus qui accueillait près de 580 personnes par an, souligne la fédération FO.
Amplifier la mobilisation
Ces fermetures, et plus globalement la dégradation des moyens des services publics de santé, sans parler de la perte d'attractivité des carrières, ont un impact lourd sur les conditions de travail des soignants, dont certains jettent l'éponge. Désormais, certains préfèrent partir en silence, quitter le service public et la profession. Et ce, parfois avant même la fin de leurs études...
, indique Didier Birig. Ce sont autant de personnes qui manquent dans les services, encore plus lorsque les directions décident, pour limiter les coûts, de ne pas remplacer les départs. Pour les soignants qui restent, cela se traduit par une augmentation considérable de la charge de travail. Pour les patients, par une prise en charge dégradée où l'attente est la règle.
On va vers un service public où la norme sera d'attendre dix-sept heures aux urgences. Où les personnes âgées devront attendre deux heures pour aller aux toilettes car il n'y aura pas assez de soignants pour les accompagner
, s'alarme Didier Birig, s'élevant contre une telle éventualité. Pour sauver l'hôpital
, il ne faut pas faire des choix budgétaires qui l'asphyxient
, souligne le militant. La SPS-FO participera bien sûr au meeting du 13 janvier, initié par FO-Fonction publique, afin d'amplifier la mobilisation et décider de la suite à donner à nos actions
. Car, explique le secrétaire général de la fédération, celles-ci n'en sont qu'à leur début. On va voir se multiplier des mobilisations locales dans l'ensemble des structures de santé publique. Nous devons réfléchir ensemble sur ce sujet qui nous concerne tous
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