LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE NE DOIT PAS SE FAIRE AU DÉTRIMENT DE NOS EMPLOIS !
Une délégation de FO Métaux composée de Valentin Rodriguez, Secrétaire Général, Paul Ribeiro, Secrétaire Fédéral, et Sylvain Ibanez, Représentant Syndical National ArcelorMittal, a été reçue ce jour au ministère de l'Industrie.
FO Métaux a exposé sa vive inquiétude concernant l'impact social de la transition écologique dans le secteur sidérurgique. Les fermetures annoncées des centres de services ArcelorMittal de Reims et Denain illustrent les conséquences directes de cette politique de décarbonation sur l'emploi.
Notre organisation a particulièrement pointé les incohérences dans la politique de décarbonation, en citant l'exemple flagrant du site de Saint-Chély-d'Apcher. Ce site, modèle en matière d'acier électrique et utilisant une centrale hydroélectrique, se trouve paradoxalement fragilisé par l'absence de décisions concernant la rénovation de la voie SNCF. Cette situation oblige le site à être approvisionné par camions, générant une pollution qui pourrait être évitée par un simple investissement ferroviaire. Un exemple qui illustre le manque de cohérence entre les ambitions environnementales affichées et les
décisions concrètes sur le terrain.
La situation d'autres acteurs majeurs du secteur a également été abordée.
FO Métaux a particulièrement insisté sur les difficultés rencontrées par Ugitech, Achetée et Driout, fortement impactés par la hausse des coûts énergétiques et la baisse des commandes dans les secteurs stratégiques du nucléaire et de la défense.
Si la France et l'Europe affichent des ambitions fortes en matière environnementale, l'absence de mesures protectrices face aux importations, notamment chinoises non soumises aux mêmes contraintes environnementales, fragilise notre industrie. Cette situation est d'autant plus préoccupante qu'ArcelorMittal annonce différer son projet de décarbonation, pourtant soutenu par 850 millions d'euros d'aides publiques, dans l'attente de mesures concrètes sur les importations.
Le ministère a confirmé que les financements prévus pour la décarbonation restent sanctuarisés. Concernant le site de Dunkerque, l'État s'est engagé à mettre en place des mesures de protection d'ici le 1er janvier 2026. Pour le site de Fos-sur-Mer, le ministère indique attendre un positionnement clair d'ArcelorMittal sur ses projets de décarbonation.
Face à cette situation, FO Métaux demande :
- L'instauration d'un moratoire pendant la période de transition écologique
- La mise en place rapide de mesures protectionnistes européennes
- Des garanties concrètes pour la préservation des emplois et des outils industriels
- Un engagement ferme d'ArcelorMittal sur tous les sites concernés par la décarbonation
- Un soutien spécifique aux entreprises impactées par les coûts énergétiques
- Une politique volontariste de commandes publiques dans les secteurs stratégiques
- Une vraie cohérence dans les investissements d'infrastructure soutenant la décarbonation
Notre organisation reste mobilisée pour défendre les intérêts des salariés et maintenir une industrie sidérurgique forte et responsable sur notre territoire.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
LA SIDÉRURGIE MENACÉE PAR DES POLITIQUES INCOHÉRENTS
Regarder la réalité exige du courage, surtout lorsqu’elle ébranle les certitudes. Jamais nous ne remettrons en cause la transition écologique : celle-ci n'est pas une option mais une nécessité. Elle exige des adaptations de grande envergure et parfois des sacrifices. Elle ne doit cependant jamais être dénaturée de son objectif : permettre une baisse mondiale des émissions de gaz à effet de serre. Lorsque les actions entreprises mènent à l'effet inverse, il est de notre devoir d'en prendre conscience pour agir autrement.
Vous trouverez en cliquant sur ce lien tous les éléments chiffrés de l’argumentaire de FO Métaux.
La législation environnementale de l'UE atteint-elle son but ?
La situation de la sidérurgie est un cas d'école en la matière. Cette industrie, cruciale pour l'économie française et européenne, décline de manière exponentielle sur nos territoires. Ce phénomène a été en grande partie accéléré par une législation environnementale imposée par l'Union européenne et les pouvoirs publics français. Parmi les mesures mises en œuvre figurent le Système d'Échange de Quotas d'Émission (SEQE) de l'UE, les taxes carbones et des normes d'émission de CO₂extrêmement strictes. L'intention, réduire l'impact environnemental de l'industrie, est louable, mais atteint-elle vraiment son but ?
La destruction de nos emplois ne réduit pas la pollution, elle l'augmente !
Alors que la France et l'Europe imposent à leurs producteurs des coûts croissants pour se conformer à ces normes, les sidérurgistes de pays comme la Chine, l’Inde, les États-Unis, la Turquie, La Russie et tant d’autres opèrent sous des régulations beaucoup plus souples. Résultat : la production d'acier se réduit en Europe par manque de compétitivité tandis que les importations de produits sidérurgiques augmentent. Chaque tonne d'acier non produite en France est donc remplacée par des importations qui génèrent jusqu'à 50% d'émissions supplémentaires, à cela il faut ajouter les autres types de pollutions qui sont traitées en France et en Europe et qui ne le sont pas ailleurs. La destruction de nos emplois ne réduit pas la pollution : elle l'augmente.
D'autres pays produisent à partir d’usines affranchies de nos réglementations écologiques
Telle est la réalité actuelle : au nom de l’environnement, nous fermons en Europe des usines qui respectent les normes tandis que d'autres pays en ouvrent de nouvelles affranchies de nos réglementations écologiques. Les émissions de CO₂par tonne d'acier produite en Europe sont significativement inférieures à celles des concurrents internationaux, La baisse de la production française - moins 40% entre 2005 et 2023- n’a donc servi à rien pour l’environnement mais a permis à des entreprises plus polluantes d'augmenter leurs parts de marché.
La seule solution n'est pas la destruction de notre sidérurgie mais son maintien
Le paradoxe est flagrant : en poursuivant une politique de décarbonation agressive sur le territoire européen, nous aboutissons à un bilan carbone mondial plus défavorable. Si la tendance actuelle se poursuit, d'ici 2030, la délocalisation complète de la production sidérurgique française vers des pays moins réglementés pourrait entraîner une augmentation nette des émissions mondiales de CO₂ de plusieurs millions de tonnes par an. La seule solution pour atteindre les objectifs climatiques n'est donc pas la destruction de l'industrie sidérurgique européenne, mais au contraire son maintien et sa modernisation progressive. Seule une industrie locale forte, bénéficiant d'un cadre réglementaire réaliste, pourra véritablement contribuer à la réduction globale des émissions de CO₂. Accepter cette réalité est la première condition pour changer la donne.