CONGLOMÉRAT
Le konzern allemand affiche une perte d’exploitation de 860 millions d’euros sur l’exercice clos le 30 septembre et prévoit de supprimer 5.000 emplois en plus des 6.000 déjà annoncés l’an dernier.
« Nous ne sommes pas encore là où nous devrions être. Les prochaines étapes pourraient être plus douloureuses que les précédentes. Mais nous devrons les affronter. » En faisant état, jeudi, d’une perte d’exploitation annuelle de 860 millions d’euros contre 802 millions il y a un an, la directrice générale de Thyssen-Krupp a promis, lors d’une conférence de presse virtuelle, encore beaucoup de sang et de larmes pour assainir le géant allemand, embarqué dans « le plus grand programme de restructuration de [son] histoire ».
Alors qu’il prévoyait l’an passé de supprimer 6.000 postes, celui-là veut désormais renoncer à 5.000 postes supplémentaires dans les trois ans. Puisque 3.600 postes ont déjà disparu au cours des derniers mois grâce aux mesures de restructuration, il en reste donc 7.400 à supprimer. « Nous voulons éviter les licenciements dans la bonne tradition de l’entreprise, mais dans le contexte actuel nous ne pouvons pas les exclure complètement », a prévenu le directeur des ressources humaines du groupe, Oliver Burkhard.
Le matelas financier de plus de 15 milliards d’euros apportés par la vente lucrative de la division ascenseur de ThyssenKrupp a été pour plus d’un tiers absorbé par les effets du coronavirus. La pandémie a particulièrement affecté l’activité sidérurgique qui a vu ses ventes chuter de 20 % sur un an. Le résultat net du groupe se limite ainsi à 9,6 milliards d’euros pour l’exercice clos le 30 septembre dernier. Dans le détail, l’activité sidérurgique représente la part du lion de la perte d’exploitation ajustée du groupe (– 946 millions) devant les technologies automobiles (– 260 millions) et l’activité solutions industrielles (– 235 millions d’euros). ThyssenKrupp a aussi dû déprécier de 3 milliards d’euros la valeur de ses actifs dans ce domaine et celui des technologies automobiles, auxquels se sont ajoutés 600 millions d’euros de coûts de restructuration.
Une trésorerie positive
Klaus Keysberg, le directeur financier du géant basé à Essen, se félicite néanmoins d’avoir pu se passer de la ligne de crédit ouverte en urgence auprès de la banque publique KfW et de n’avoir « plus de dette financière mais une trésorerie nette d’environ 5 milliards d’euros ». Le groupe prévoit cependant de rester dans le rouge l’an prochain à hauteur de plusieurs centaines de millions d’euros. « Nous faisons tout notre possible pour maîtriser les coûts et les liquidités », assure Martina Merz. Elle se fixe pour ce faire trois priorités, la première étant de trouver une solution viable pour le secteur de l’acier. Le groupe britannique Liberty Steel a déjà lancé une offre d’achat en octobre, des discussions ont également cours avec le suédois SAAB et l’indien Tata Steel.
Les syndicats allemands poussent pour une consolidation du secteur en Allemagne, des pourparlers sont aussi menés avec Berlin pour une éventuelle participation de
l’Etat au capital du groupe. Mais ces options ne devraient pas être tranchées avant « le printemps 2021 », affirme Martina Merz. Elle planche en parallèle sur ses deux autres priorités : décider de l’avenir des activités non stratégiques dont l’ensemble est considéré comme « un véhicule de gestion des investissements du groupe », et améliorer les performances de toutes ces activités.
Un chantier herculéen.
Souce: Les echos