Dès l'origine, les organisations ouvrières se sont battues pour que les travailleurs puissent gagner leur vie sans la perdre. Un combat fondamental.
La santé au travail avant la Sécu
Dès l'Antiquité, le pharaon demande à ses médecins de s'occuper des ouvriers qui bâtissent les pyramides. Mais c'est Hippocrate (en 460 avant J.-C.) qui a été le premier à noter les maladies professionnelles chez les travailleurs du plomb. Il faudra attendre le XVe siècle pour redécouvrir ce problème. Pourtant déjà au XIIIe siècle, Arnaud de Villeneuve avait publié un traité de médecine du travail en deux volumes. Mais ce n'est qu'au XVIIIe que l'on découvre les cancers dus à l'activité professionnelle (charbon, plomb). En 1810, Napoléon crée les premiers médecins du travail, mais uniquement pour les mineurs. En 1840, le docteur Villermé publie un rapport sur «L'état physique des ouvriers du textile». En 1874, l'inspection du travail est fondée. Il s'agit surtout de contrôler le travail et la santé des enfants. Ce n'est pas de la philanthropie. L'État a besoin de jeunes hommes en bonne santé pour en faire des conscrits solides pour ses armées!
D'abord la solidarité
La solidarité existait déjà au sein des corporations d'artisans au Moyen Âge. À Perpignan, les ouvriers cordonniers ont fondé leur société de secours dès 1326. Avec 1789, les premières sociétés de secours mutuel modernes voient le jour. En 1790 est fondée la Société typographique parisienne, avec des statuts très précis sur les prestations à verser en cas de maladie et de vieillesse. Mais la loi Le Chapelier de juin 1791 va stopper leur essor. Le mouvement reprend sous l'Empire. Une Société de bienfaisance et des secours mutuels est créée à Lyon en 1804, puis, quatre ans plus tard, naît celle des chapeliers parisiens. En 1814, il existe cent quatre-vingts sociétés de secours dans toute la France. En 1820, les garçons bouchers de la capitale fondent leur caisse. Ces sociétés ressentent le besoin de s'unir, d'où l'apparition du Conseil des sociétés de secours mutuel des Bouches-du-Rhône en 1821. Les canuts lyonnais ont la leur dix ans plus tard. En 1847 il en existe mille deux cent quatre-vingt-quinze dans tout le pays. Le 15 juillet 1850, la Deuxième République vote une loi donnant un statut légal à ces sociétés de secours, reconnues d'utilité publique. Enfin, le 28 septembre 1902, la Fédération nationale de la Mutualité française voit le jour. En 1901, les sociétés de secours mutuel protègent 2,6 millions d'adhérents. Ils seront 4,5 millions en 1914 et 8 millions en 1938.
L'arrivée des syndicats
Avec l'organisation du mouvement ouvrier, les jeunes syndicats ne se battent pas uniquement pour l'augmentation des salaires ou la baisse du temps de travail, mais aussi pour de meilleures conditions de travail pour préserver l'essentiel : la vie. Dès 1898, la jeune CGT impose une loi sur les accidents de travail et leurs réparations forfaitaires. En 1906 est créée à Milan la Commission permanente internationale de médecine du travail. Entre 1923 et 1930, René Barthe organise la médecine du travail, associant le corps médical, les ingénieurs et l'assistance sociale. C'est ainsi que va naître le contrôle médical obligatoire dans les mines et la métallurgie dès 1934.