Inde : une immense réforme du Code du travail mise en œuvre sans discussions

Rédigé le 18/12/2025
par Fanny Darcillon, L'inFO militante

Sous couvert de simplification, le gouvernement indien entreprend de déréglementer dans l'espoir de doper la croissance. Les travailleurs s'opposent à la destruction
de leurs droits.

Une dizaine de grandes centrales syndicales réunies sous un même mot d'ordre : le 26 novembre, seul le syndicat Bharatiya Mazdoor Sangh – proche du gouvernement – manquait à l'appel pour protester contre la gigantesque réforme du Code du travail promulguée par le Premier ministre indien Narendra Modi. Adoptées sans discussions avec les représentants des travailleurs, ces nouvelles lois sont présentées comme un outil permettant de propulser la croissance du PIB indien à plus de 8% et d'attirer les investisseurs. Narendra Modi vise à faire passer l'Inde, cinquième puissance économique mondiale, d'un statut de pays encore émergent à celui de pays développé d'ici le centenaire de l'indépendance en 2047.

Si l'objectif bien sûr s'entend, la méthode pour y parvenir fait pour sa part davantage débat, avec une mise à mal certaine des droits des travailleurs. Les nouveaux codes ouvrent notamment la possibilité d'une journée de travail de douze heures et encadrent strictement le droit de grève. Ils rehaussent également le seuil à partir duquel les entreprises doivent obtenir le feu vert des autorités pour mettre en place un plan de licenciements : seules les entreprises de plus de trois cents salariés seraient désormais concernées. Auparavant, la règle s'appliquait à partir de cent salariés.

Un des effets de la pression commerciale exercée par les États-Unis

Pour tenter de faire passer la pilule, les autorités mettent en avant l'aspect modernisateur et pro-travailleurs de la réforme. Celle-ci regroupe et harmonise vingt-neuf lois en quatre codes du travail, et réduit le nombre de règles en vigueur de mille quatre cents à trois cent cinquante. Problème : La prétendue simplification a été utilisée comme couverture pour diluer, abolir et démanteler les dispositions protectrices des lois actuelles, dénonce la centrale CITU (Centre of Indian Trade Unions).

 Les foudres de l'administration Trump se sont abattues sur tout un tas de pays sous forme de règles commerciales, L'Inde se met donc à déréglementer sous couvert de simplifier. Si le gouvernement se targue de mettre en place une meilleure sécurité sociale et un salaire minimum harmonisé, la centrale CITU alerte sur le manque de mécanismes de coercition pour faire appliquer la loi et sur le manque de recours pour les salariés lésés. Cela dans un pays où 90% des employés travaillent dans l'économie informelle.