Clément Carbonnier, économiste, livre un plaidoyer contre les politiques visant à diminuer le «coût» du travail – notamment celui des travailleurs les moins qualifiés – et donc les salaires.
On ne compte plus, en France, les mesures visant à alléger le «coût» du travail pour les employeurs. Pourtant aucune n'a vraiment porté les fruits escomptés en termes de création d'emplois. Pire, depuis les années 1980 ces politiques ont encouragé le développement des inégalités de manière dramatique. Clément Carbonnier, professeur d'économie à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, est allé l'expliquer devant une commission sénatoriale sur la question du financement de la protection sociale en 2025, s'appuyant sur des études académiques.
Il a bien été entendu, mais manifestement pas écouté puisque la commission a refusé de remettre en cause, dans ses conclusions, quelque cinquante ans de coups de boutoir successifs sur le pouvoir d'achat des Français.
C'est cette démonstration qui est publiée dans Toujours moins! L'obsession du travail ou l'impasse stratégique du capitalisme français. Assortie des stratégies alternatives qui existent. Clément Carbonnier propose ainsi de répondre aux vrais
besoins des entreprises : assurer des débouchés à leurs produits par de meilleurs salaires, recruter une main-d'œuvre qualifiée et en bonne santé, soutenue par des politiques publiques de qualité, accéder à des infrastructures et à des technologies de pointe.
Pour une augmentation du Smic
Pour l'économiste, une hausse du Smic de 200 euros affecterait peu les coûts de production globaux (entre 0,3% et 0,6% selon les secteurs d'activité) tout en générant une amélioration du pouvoir d'achat d'une large partie de la population. Les politiques publiques d'éducation, de formation, de santé et de recherche, régulièrement sacrifiées sur l'autel des économies budgétaires, gagneraient à être relancées.
L'auteur propose enfin un exercice : calculer le coût de cette mauvaise politique de l'emploi (en termes de baisse des recettes pour l'État ou encore de compensation des manques à gagner subis par la Sécurité sociale), afin d'évaluer le montant de ressources publiques à orienter vers des politiques alternatives. Et il conclut qu'entre 13 et 36 milliards d'euros pourraient ainsi être, chaque année, réorientés vers la création directe d'emplois d'utilité sociale.


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