Plus d'un millier de militants ont participé au 58e congrès de la fédération FO des employés et cadres s'est tenu du 27 au 31 octobre à Bourg-en-Bresse dans l'Ain.
- Les articles de L'InFO militante / InFO militante, 01 - Ain, Augmentation salariale, Sécurité sociale, PLFSS, MSA, France Travail, Austérité, Budget, Secteur de la santé, Assurance-maladie, Cotisations sociales, 79 - Deux-Sevres, CPAM, Plan de sauvegarde de l'emploi - PSE, 75 - Paris, Projet de loi de finances - PLF, RSA, Conditions de travail, Discrimination, Droit de grève, Temps de travail, SoLocal Group, 03 - Allier, Inspecteur du travail, Commerce, C&A, Galeries Lafayette, Alinéa, Leroy Merlin , Go Sport, Travail le dimanche, Prime d'activité, Castorama, Histoire d'Or, Smic, IA, LCL, CIC , CCF, Plans sociaux, Suppressions de postes, Banque, Assurances, Télétravail, Société générale, Jeunes, MacifPlus d'un millier de militants ont participé au 58e congrès de la fédération FO des employés et cadres s'est tenu du 27 au 31 octobre à Bourg-en-Bresse dans l'Ain. La lutte contre l'austérité budgétaire, la défense de la Sécurité sociale et la hausse des salaires ont été au cœur des débats. Les 320 syndicats représentés ont adopté une feuille de route combative à travers la résolution générale du congrès. Sébastien Busiris a été reconduit dans son mandat de secrétaire général de la FEC FO pour 4 ans.
Alors que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 était examiné au Parlement en première lecture, la lutte contre l'austérité budgétaire et la défense du modèle social français ont pris une place centrale lors du 58e congrès de la FEC FO qui s'est tenu du 27 au 31 octobre à Bourg-en-Bresse (Ain) avec la participation de 1 048 militants. La fédération, regroupant tant des secteurs à mission publique que des entreprises privées, est composée de 11 sections – ainsi celles du commerce non alimentaire, des services, des banques ou encore des assurances. Elle couvre aussi par son champ les salariés de la Sécurité sociale, de la MSA ou de France Travail. Venu saluer le congrès, le secrétaire général de la confédération, Frédéric Souillot, a notamment rappelé l'attachement de FO aux fondamentaux de la Sécurité sociale et dénoncé la ligne d'austérité budgétaire poursuivie par l'exécutif, avec ses lourdes conséquences sur les travailleurs et assurés sociaux. Cette ligne prévoit par exemple de solliciter plus fortement en 2026 le porte-monnaie des assurés, y compris les assurés les plus modestes, via, notamment, un doublement des franchises médicales, et donc un reste à charge plus important.
S'opposant à la poursuite de l'austérité, les syndicats de la FEC FO avaient massivement participé aux deux journées de mobilisation intersyndicale, le 18 septembre et le 2 octobre. Rien d'étonnant. Le projet de budget 2026 de la Sécurité sociale programme par exemple une baisse des dépenses à hauteur de 7,1 milliards d'euros dans le secteur de la santé. Quel que ce soit le gouvernement, on nous agite toujours le même chiffon rouge des déficits de l'assurance-maladie ou de l'assurance-chômage pour réduire nos droits. La réalité, c'est qu'il y a une volonté d'augmenter la richesse des plus riches et d'appauvrir les pauvres. L'an dernier, les grands groupes ont versé 70 milliards d'euros de dividendes aux actionnaires. Les aides publiques aux entreprises représentent, elles, 211 milliards d'euros. Il faut tout mettre sur la table. Il y a de quoi financer notre modèle social!
a lancé Sébastien Busiris, le secrétaire général de la FEC FO, reconduit dans son mandat.
En finir avec les exonérations patronales
Faisant écho à ces propos, nombre de militants – 54 interviendront à la tribune du congrès – ont appelé à en finir avec les allègements de cotisations sociales patronales accordés sur les salaires. Des exonérations qui représentent désormais pour les comptes publics un manque à gagner autour de 80 milliards d'euros annuellement : la grande question, pour l'avenir, c'est le financement des régimes sociaux. Que va-t-il se passer en 2027 si rien n'est fait pour rétablir l'entièreté des cotisations patronales? Il faut agir. Le patronat bénéficie depuis des années d'exonérations de cotisations qui représentent des milliards d'euros, ce qui prive les branches de la Sécurité sociale de recettes. Or, le premier partage des richesses, c'est quand même bien la cotisation!
a rappelé Claire Guelmani, de la section OSDD (organismes sociaux divers et divers) de Paris. Les dispositifs d'exonérations patronales ne sont plus supportables. Et il y a aussi urgence à augmenter réellement les salaires. Il faut que le partage des richesses soit mieux organisé
appuyait Jocelyne Baussant, (OSDD) des Deux-Sèvres.
Défendre la Sécurité sociale
Beaucoup de militants ont ainsi insisté au cours de leurs interventions à la tribune du congrès sur la défense de la Sécurité sociale, qui fête cette année son 80e anniversaire. Ils ont notamment rappelé leur attachement aux ordonnances de 1945, lesquelles portent plusieurs principes, ainsi celui fixant que chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins
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Cependant, la portée et les missions de la Sécu sont attaquées et cela concerne toutes les branches pointait Béatrice Surjus, de la section des organismes sociaux du Languedoc-Roussillon. Il y a la réduction de la durée des arrêts de travail projetée dans le PLFSS ou encore la non-revalorisation des prestations versées par la Caisse d'allocations familiales
illustrait la militante. Si on laisse faire, un jour, la santé sera privée!
, signifiant ainsi la crainte résumée d'un accès à la santé et de prestations payantes. Nous sommes devenus la première organisation syndicale à la sécurité sociale en mars dernier. Cela nous oblige et nous continuerons à la défendre!
martelait-elle.
Cette année, la fédération a durement bataillé contre la suppression du service de contrôle médical, suppression se traduisant notamment par le transfert vers les CPAM (depuis septembre) des médecins conseils de la Sécurité sociale. La destruction de ce service indépendant est scandaleuse
a tonné Frédéric Neau, secrétaire fédéral de la section des Organismes sociaux. En étant intégrés aux caisses, lesquelles sont chargées du paiement des indemnités aux assurés, les décisions des médecins-conseils concernant les prolongations d'arrêt-maladie, obéiront à une simple logique comptable
a-t-il dénoncé.
La Sécu réduit par ailleurs aussi la voilure de ses centres de santé. FO s'est notamment mobilisée contre la fermeture du centre situé dans le quartier défavorisé de Stalingrad à Paris. Ce PSE à la Sécurité sociale est inadmissible
a dénoncé Nora Nidam, secrétaire de la section des organismes sociaux en Ile-de-France. Le congrès a exigé le retour à un service de contrôle médical indépendant.
Autant d'attaques, et bien d'autres, qui ont donc été condamnées par le congrès. Lequel a exigé notamment l'arrêt de la politique menée sur les exonérations de cotisations patronales, politique qui contribue à fabriquer le déficit de la Sécu
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France Travail : les moyens manquent toujours
Dans le secteur de France Travail, où FO est devenue la seconde organisation syndicale en 2023, la contestation de l'austérité est particulièrement vive aussi. La diminution des moyens (moins 515 postes prévus dans le projet de loi de finances pour 2026) a ainsi été condamnée sévèrement à la tribune du congrès. Cette baisse de postes est inacceptable
a tempêté une militante, pointant le manque de personnel dans les agences, situation qui s'est aggravée depuis la création de France Travail (ex-Pôle emploi) au 1er janvier 2024. Nous avons intégré la gestion de 1,5 million de personnes bénéficiaires du RSA, et cela sans moyens supplémentaires. Les conditions de travail des agents se sont détériorées. Concernant l'accompagnement des demandeurs d'emploi les plus éloignés de l'emploi, les agents doivent suivre un effectif limité à personnes. En revanche, concernant le suivi des autres demandeurs d'emploi, la charge de travail des agents a augmenté : ils ont parfois 1 200 personnes à suivre!
. Evoquant les conditions de travail dans la structure qui vit au rythme de changements permanents, cela s'illustrant par une cascade d'ordres et de contre-ordres qui épuisent les collègues
, la militante témoignait de la hausse inquiétante des arrêts de travail. Un problème qui cependant n'alerte pas les décideurs
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Le combat contre des discriminations syndicales persistantes
Le congrès a été aussi l'occasion de dénoncer les intimidations et la discrimination syndicale qui sévit dans des secteurs et des entreprises. Happy Chic, Conforama, Sofinco : Il ne se passe pas un mois sans qu'il n'y ait de sanctions envers les militants. Notre fédération continue de les accompagner pour faire respecter leurs droits!
a tenu à rappeler Sébastien Busiris. A la tribune, des militants souligneront aussi les relations plus que tendues avec certains patrons. Avoir un mandat FO, c'est parfois comme Koh-Lanta. On se retrouve exposé à des sanctions, on est convoqué à un entretien de licenciement simplement parce qu'on a organisé une grève pour faire respecter un accord sur le temps de travail, ou pour avoir dénoncé les mauvaises conditions de travail des collègues
a ainsi témoigné Frédéric Gallois, secrétaire général du syndicat FO-Solocal (ex-Pages Jaunes). Mais les syndicats FO bataillent et obtiennent des victoires. Ainsi justement chez Solocal. En juin dernier, l'entreprise a été condamnée par la cour d'appel de Versailles pour discrimination syndicale envers une élue FO. La justice nécessite du temps pour se rendre, mais elle fonctionne!
a rappelé le militant, déclaration prenant le sens d'un encouragement à porter des affaires devant les tribunaux si nécessaire.
En tant qu'élu syndical, Il faut combattre le management toxique et des conditions de travail de plus en plus difficiles
a renchérit Patrick Forge, délégué FO chez Conforama, qui a été menacé de licenciement pour avoir dénoncé un climat très conflictuel dans un magasin de l'Allier. Soutenu par la fédération, il a gagné la bataille juridique. Le licenciement le visant a été refusé par l'Inspection du Travail de Roanne, et le TGI de Lyon a bloqué la procédure.
Dans le commerce, emplois et salaires à la peine
La brutalité des méthodes patronales sur l'emploi a été aussi particulièrement souligné et dénoncé lors de ce congrès. Et pour cause. Depuis le dernier en 2021, la fermeture de magasins de certaines grandes enseignes de commerce, cela assorti de vagues de suppressions d'emplois, a douloureusement impacté les salariés. C&A, Alinéa, Leroy Merlin, Go sport, Galeries Lafayette… Au premier trimestre 2024, la section Commerce de la FEC FO a recensé pas moins de 11 PSE qu'il a fallu négocier au mieux. Par ailleurs, pour les salariés des effectifs restants, les conditions de travail se dégradent. Ce que veulent les salariés du commerce, c'est vivre dignement. Nous conservons encore le dimanche de libre, mais c'est difficile. Les salariés ont perdu des jours fériés, et dernièrement, le gouvernement voulait encore s'attaquer au 1er mai!
a tancé Carole Prioult, secrétaire adjointe de la section FO Commerce.
Avec la lutte contre le travail du dimanche, la hausse des salaires était la revendication phare des militants de la section Commerce lors des conférences sectorielles qui se sont tenues pendant le congrès. Les salaires se tassent. Dans la branche, on était à 12% au-dessus du Smic il y a vingt ans, maintenant on est en dessous. Il faut absolument revendiquer des hausses de salaires sensibles
a intimé un militant de FO Castorama. Il faut reprendre la main. Il est anormal que les salariés des magasins en soient à compter sur la prime d'activité pour compléter leur salaire!
a renchérit Nathalie, déléguée FO chez Histoire d'Or.
La section FO Commerce revendique notamment un premier niveau de grille à 2 300 euros brut dans les branches de son secteur. Il n'y a pas à avoir honte des revendications salariales. Car les patrons des chaînes de magasin n'ont qu'un seul objectif : payer le moins possible pour bénéficier d'allègements
, soit maintenir notamment une grande partie du personnel dans la fourchette salariale du «un à 1,6 Smic» afin de profiter pleinement du dispositif d'allègements généraux de cotisations sociales patronales, a rappelé David Malézieux, élu secrétaire fédéral de la section Commerce lors du congrès.
L'IA s'invite dans les débats
Le secteur bancaire a lui aussi subi nombre de restructurations depuis le dernier congrès de la FEC FO en 2021. Fermetures et regroupements d'agences au CIC, chez LCL, gros plan social au CCF (1 500 postes supprimés) où les équipes FO ont dénoncé une opération guidée par la rentabilité… Les luttes ont été multiples. Les entreprises s'inspirent les unes des autres pour se restructurer
a résumé Mireille Herriberry, secrétaire de la section FO banques, lors de la conférence dédiée à ce secteur pendant le congrès. Dans ce cadre, il a été question aussi des mutations d'un secteur bancaire impacté par l'intelligence artificielle. Or, pour l'instant, la consultation des élus du personnel sur le sujet de l'IA est largement insuffisante. Notre organisation syndicale doit peser pour que les usages de l'IA soient intégrés dans les entreprises sans nuire à l'emploi
a appuyé Mireille Herriberry. Une IA qui s'invite d'ailleurs désormais dans moult secteurs. Ainsi à France Travail. Avec inquiétude, Natalia Jourdin a dénoncé le développement d'outils d'intelligence artificielle à tout-va, sans même s'interroger sur leur pertinence, du moment que qu'ils sont censés apporter des économies. Tout cela déqualifie nos métiers
. Le secteur des assurances est lui aussi touché par ces changements profonds depuis quatre ans, remarquait Georges Oliveira, secrétaire de la section FO des assurances. Nous sommes déterminés à lutter contre la digitalisation, le recours massif à l'intelligence artificielle qui détruit des emplois. Les salariés n'ont pas être des variables d'ajustement!
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Dans un autre registre, une pratique elle aussi nouvelle, qui a pris son essor depuis la crise Covid et qui touche à l'organisation du travail et à celle de la vie des salariés, a été abordée aussi au cours de ce congrès. Il s'agit du télétravail. Sébastien Busiris a appelé à la vigilance. Nous ne sommes pas des apôtres du télétravail. Mais il faut des négociations à ce sujet, et les entreprises ne doivent pas, comme la Société générale vient de le faire, imposer un retour au boulot sans même consulter ses syndicats
. En juin dernier, la banque avait décidé sans aucune consultation de ramener de deux à un, le nombre de jours de télétravail par semaine. Les salariés s'étaient mobilisés contre ce plan les 27 juin et 3 juillet.
Priorité à la syndicalisation des jeunes et des cadres
Le congrès a aussi été l'occasion de partager les bons résultats obtenus par FO. Chez Conforama France, FO est ainsi devenue la première organisation syndicale lors des élections professionnelles de 2024, avec 35,84% des voix. Chez Groupama, FO s'est hissée à la troisième place en 2023. L'organisation a aussi fortement progressé à la Macif, avec 20,12% des suffrages lors des élections en 2023.
Dans le cadre du développement de la fédération, la syndicalisation des jeunes et des cadres demeure une des priorités de la FEC FO. Au cours du congrès, elle a d'ailleurs consacré deux tables-rondes à la syndicalisation de ces populations spécifiques. Il faut aller voir les jeunes, leur ouvrir des espaces. C'est ainsi que nous progresserons
a estimé Mireille Herriberry. Dans les sociétés de conseil, le défi, c'est d'aller chercher des cadres
a indiqué pour sa part Nicolas Faintrenie, secrétaire de la section FO des services.
A l'issue du congrès, les 320 syndicats présents ont adopté une résolution générale très combative. La défense des emplois, des conventions collectives et de la Sécurité sociale y occupe une place centrale. Je compte sur vous pour bâtir le rapport de force nécessaire. Les patrons sont unis, nous devons l'être aussi!
a conclu Sébastien Busiris.


