Quand le gouvernement s'attaque au salaire des apprentis

Rédigé le 21/11/2025
par Ariane Dupré, L'inFO militante

Alors que l'insertion des jeunes sur le marché du travail reste difficile, dans son projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, le gouvernement s'en prend aux salaires des apprentis, visant les exonérations de cotisations salariales. Dans la loi de financement de 2025, le plafond de l'exonération de ces cotisations avait déjà été raboté, de 79% à 50%. Depuis le 1er mars, les nouveaux apprentis sont aussi soumis à la CSG-CRDS, pour la part du salaire dépassant 50% du Smic. Pour 2026, le PLFSS entend donc aller plus loin. L'exécutif vise à supprimer totalement les exonérations de cotisations salariales pour les contrats d'apprentissage signés à partir du 1er janvier 2026. Le gouvernement brandit l'équité de traitement avec d'autres salariés qui payent l'intégralité de leurs cotisations salariales, notamment les étudiants travaillant à temps partiel. Mais le motif est surtout budgétaire : les exonérations de cotisations salariales accordées aux apprentis  représentent un coût de 1,6 milliard d'euros pour la Sécurité sociale, a indiqué Jean-Pierre Farandou, ministre du Travail, évoquant donc ce manque à gagner. Que l'on pourrait comparer à un autre, celui dû aux exonérations de cotisations patronales et qui représente lui plus de 80 milliards par an…

FO dénonce une mesure augmentant la précarité

La mesure visant les apprentis a été vivement contestée par les députés. Elle a ainsi été rejetée par la commission des Affaires sociales de l'Assemblée le 28 octobre. Et L'Assemblée a adopté le 7 novembre, en séance, en première lecture, un amendement rejetant cette mesure, que dénoncent aussi les associations. Celle des apprentis de France (ANAF) a calculé que la fin de ces exonérations de cotisations salariales ferait baisser de 101 à 187 euros net par mois la rémunération des apprentis. Cela alors que leur salaire est déjà faible, se situant entre 27% et 100% du Smic selon l'âge et l'année de formation. Pour FO, le gouvernement démontre son incohérence : vouloir faire de l'apprentissage la voie royale de l'insertion tout en augmentant la précarité des apprentis. Outre les apprentis du privé, ceux du public sont aussi visés : le gouvernement prévoit pour 2026 la suppression de la prise en charge par l'État des cotisations salariales des apprentis.