Budgets 2026 : des projets qui jouent le suspense

Rédigé le 10/12/2025
par Valérie Forgeront, L'inFO militante

L'emploi et les salaires demeurent les préoccupations premières des travailleurs et comment s'en étonner dans un contexte d'apathie du marché du travail, d'un chômage toujours haut et d'une situation salariale atone. L'austérité budgétaire est cependant toujours prônée pour 2026; l'Assurance chômage reste dans le viseur; le Smic est menacé une fois de plus d'absence de coup de pouce; les travailleurs sont stigmatisés dans le cadre de la lutte contre la fraude sociale, alors que cette fraude leur est très faiblement imputable… Le 5 décembre, lors de la Conférence Travail-Emploi-Retraites, FO a rappelé ses revendications : pour des salaires attractifs, un emploi protégé et développé, un système de retraite par répartition préservé, pour la formation, pour des services publics forts, pour un débat sur les exonérations de cotisations accordées aux entreprises, et pour une politique de réindustrialisation capable de reconstituer la souveraineté productive du pays.

L'Assemblée nationale a adopté le 9 décembre la partie dépenses du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), texte portant la mesure de suspension/décalage de la réforme des retraites. Puis, les députés ont approuvé le même soir l'ensemble du texte à une courte majorité. De son côté, le projet de loi de finances (PLF) est actuellement débattu au Sénat, jusqu'au 15 décembre. Si l'examen parlementaire des projets budgétaires est forcément source de modifications des versions initiales proposées par un gouvernement, cette année est marquée par des retournements de situation, notamment à l'initiative du gouvernement Lecornu, lequel ne dispose pas d'une majorité à l'Assemblée.

Des mesures au parcours singulier

Ainsi le 8 décembre, veille du vote en deuxième lecture du PLFSS, le gouvernement avait annoncé qu'il déposait un amendement portant sur l'Ondam 2026, soit l'objectif de dépenses de l'Assurance maladie. Il a ainsi proposé de desserrer l'étau et d'adopter une trajectoire de dépenses en hausse de 3% et non plus de 1,6% comme prévu initialement. L'Assemblée a approuvé. Le gouvernement avait ces derniers jours annoncé l'abandon du doublement des franchises médicales ainsi que du gel des pensions de retraite et des minima sociaux. Au fil de cette deuxième lecture du PLFSS, les députés s'étaient prononcés, entre autres, en faveur d'une limitation de la durée des arrêts de travail (bien que moins sévèrement que le projet initial). L'Assemblée avait adopté aussi le projet gouvernemental de taxation exceptionnelle des complémentaires santé, mesure visant une recette d'un milliard d'euros, mais qui menace d'avoir des conséquences sur les tarifs des contrats payés par les assurés.