Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le patronat est déconsidéré en raison de sa collaboration avec l'ennemi nazi, tandis que la classe ouvrière est grandie par sa lutte dans la Résistance, dont le Conseil national de la Résistance a inscrit à son programme un plan complet de sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d'existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail
.
C'est dans ce contexte que le 19 octobre 1945, le gouvernement provisoire de la République française institue officiellement, par ordonnance, la Sécurité sociale.
Deux ans avant la naissance officielle de Force Ouvrière, des camarades, déjà réunis au sein du journal Résistance Ouvrière, posaient les jalons de notre Sécurité sociale. Dès sa création, FO a toujours été en pointe dans la consolidation et la défense de la Sécurité sociale, une Sécu désormais attaquée de toutes parts, comme elle le fut aussi à sa création.
Dès le 26 juillet 1945, Résistance Ouvrière, l'ancêtre de notre journal, annonçait le rapport sur la Sécurité sociale dont était chargé Georges Buisson (1878-1946), précisant que les ambitions du syndicaliste étaient déjà attaquées par l'Assemblée consultative : Le gouvernement, cédant à la pression conjuguée des caisses patronales de compensation et des associations familiales, a accepté de différer l'intégration des allocations familiales dans l'ensemble de la Sécurité sociale
. Ceux qui allaient fonder quelques mois plus tard la CGT-FO se battaient déjà pour le principe de la caisse unique, regroupant l'Assurance maladie, l'Assurance vieillesse et les allocations familiales, c'est-à-dire une solidarité par construction entre les générations.
D ès 1943 donc, Georges Buisson, spécialiste des assurances sociales dans la CGT d'avant-guerre, rédige un programme précis de sécurité sociale. Ces idées seront en grande partie reprises dans le programme du Conseil National de la Résistance (CNR) au printemps 1944. À l'automne de la même année, une délégation de la CGT rencontre de Gaulle, alors président du Gouvernement provisoire, pour le convaincre des bienfaits du «rapport Buisson». C'est ainsi, entre autres, que lorsque les discussions commencent à l'Assemblée en juin 1945, le fait est acquis : la Sécurité sociale verra bien le jour. Les salariés, leurs familles et le mouvement syndical viennent de remporter une victoire considérable, bien plus étendue que les assurances sociales préexistantes.
La Sécurité sociale est née, symbole et outil de solidarité et d'égalité, avec une gouvernance singulière – le paritarisme – que défend FO, et assise sur les cotisations sociales prélevées sur les salaires et non, comme d'autres systèmes, sur l'impôt. Son principe est de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins
, pour permettre à chacun de pouvoir faire face aux aléas de la vie, à chacun d'avoir une autonomie et une liberté plus grandes, assurer une égalité de droits. Dans l'esprit du programme du CNR, la loi du 11 octobre 1946 impose aux employeurs la création et le financement des services médicaux dans l'entreprise ou dans le cadre de services interentreprises de santé au travail.
Une extension continue aura lieu jusqu'aux années 1980, permettant notamment la construction des Centres hospitaliers universitaires (CHU).
En 1982, sont créés les comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), demandés par les syndicats depuis longtemps. Les ordonnances Macron de 2018 fusionneront les CHSCT avec les comités d'entreprise et les délégués du personnel. Un vrai coup dur pour l'ensemble des travailleurs et pour leur santé.